19 mars 2016

DRACULA CONTRE LES PEUPLES.


Des négociateurs européens et états-uniens se réunissent depuis plusieurs mois, dans le plus grand secret, dans des bureaux cadenassés de… l’ambassade d’Australie à Genève. Ils ne peuvent prendre de notes, ni emporter de documents. Les députés européens n’ont connaissance d'aucun texte.


Patrick Le Hyaric est député européen et directeur de l’Humanité. Il révèle le mandat de négociation que s’est donné la Commission de Bruxelles, document classé « U.E. diffusion restreinte » mais qu'il n'a pas obtenu officiellement.
Il retrace l’historique de la construction européenne et des relations notamment commerciales avec les États-Unis depuis l’immédiate après-guerre.
Ainsi, au regard de décennies de relations et d’accords, on peut très clairement lire le dessein de construire un empire euro-américain sous domination des États-Unis, en faisant coïncider les règles du commerce mondial, les tarifs douaniers mais aussi les normes en matière de santé, de droits sociaux, d’environnement… à la demande des grandes sociétés multinationales.


La Conférence de l’Organisation Internationale du Commerce réunie à La Havane en 1948, fixait dans une Charte, en priorité, des buts sociaux et économiques, interdisant à ses membres de prendre des positions prédatrices. Le Congrès américain refusa de la ratifier. C’est bien le refus de l’équité et le début des déréglementations au profit des multinationales qui se sont joués là. Une tout autre voie était alors possible.

Patrick Le Hyaric livre ensuite une analyse des enjeux de l’accord transatlantique, au regard des précédents. Baptisé par l’auteur « projet Dracula », il est véritablement diabolique tant dans sa conception et ses objectifs que dans ses méthodes.

Le « Libre-échange » n’est jamais que la liberté dont dispose une poule et un renard dans un même enclos. Le « Libre-échange »  est toujours codifié dans l'intérêt des transnationales.
Les valeurs de liberté et de démocratie si souvent mises en avant concernent avant tout la liberté totale de circulation des capitaux et des marchandises.
Il s’agit avant tout de favoriser le marché en contraignant les souverainetés nationales : budgets des États surveillés avec pour objectif la réduction des dépenses publiques et sociales, avec risque de sanction en cas d'infraction.
Les transnationales  pratiquent un intense lobbying pour que le droit des États ne s’appliquent plus à elles, pour pouvoir piller les ressources naturelles et exploiter les êtres humains dans une liberté totale.

Article par article, il décrypte les limites du mandat de négociation qu’il livre au public.


Au delà de toute position idéologique, le cynisme du dessein finalement anti-européen est édifiant. Noir sur blanc, notre avenir et celui de nos enfants est écrit. Il n’est cependant pas encore adopté. Et ce travail d'information salutaire s’ouvre et se termine par un appel à une autre voie. En comprenant précisément les enjeux, la rhétorique utilisée par les apprentis sorciers, il est encore possible de déjouer le piège, en commençant par déconstruire le discours dominant.
Car rien n’est irrémédiable.
En cela la lecture de cet ouvrage, en plus d’être édifiante, sera fort utile.

 
DRACULA CONTRE LES PEUPLES.
Grand marché Transatlantique.
Patrick Le Hyaric.
Éditions de l’Humanité – Saint-Denis - 2014
276 pages – 8 euros.

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