8 janvier 2017

LA REVUE DESSINÉE #14


Un dossier a particulièrement retenu notre attention dans ce numéro hivernal : « La 7ème arme », élaborée et utilisée pendant les « guerres coloniales » et que l’on nous dégaine de nouveau.

C’est Mao Tsé-Toung qui, en 1936, invente le concept de « guerre révolutionnaire », doctrine qui vise à transformer les civils en armes, en désignant un ennemi intérieur. Le Lieutenant-colonel Lacheroy la découvre et l’étudie en Indochine, utilisée par les Viêt-Minh, en 1951 puis va l’enseigner aux officiers de l‘armée française. Il s’inspire également des travaux du sociologue Serge Tchakhotine, auteur du « Viol des foules par la propagande politique », ouvrage censuré à sa publication dont nous essaierons de rendre compte prochainement. Quadrillage du territoire par une hiérarchie parallèle, renseignement, utilisation de la terreur et de la propagande pour gagner l’adhésion des populations, c’est pendant la bataille d’Alger que la méthode fera ses preuves. Interdite en 1962 par De Gaulle, après le putsch des généraux, elle sera cependant exportée aux États-Unis pour être appliquée en Amérique Latine. Pendant 18 mois, avant le génocide au Rwanda, les forces spéciales françaises aideront le gouvernement à mettre en place la colonne vertébrale de l’appareil génocidaire : dénonciation d’un ennemi intérieur par la propagande de la radio des Mille collines, création de milices, enrôlement de la population, équipement en armes… Résultat : d’avril à juillet 1994, entre 800 000 et un million de personnes seront massacrées.
Après le 11 septembre 2011, les États-Unis ont défini la nouvelle ère post guerre froide sur le principe « avec nous ou contre nous » qui ne fait plus de différence entre l’ennemi extérieur et l’ennemi intérieur. C’est le paradigme de la « guerre contre le terrorisme ». Dans le nouveau livre blanc de la défense nationale, en 2008, Nicolas Sarkozy reprend cette doctrine pour la France. En 2013, François Hollande décide de ne rien changer. Et après les attentats contre Charlie Hebdo, l’Hyper casher de la Porte de Vincennes puis le Bataclan, c’est ce même discours qui accompagne la mise en place de l’état d’urgence.
La mise en perspective historique de cette méthode de manipulation des populations est percutante. L’enquête de Jake Raynal est fort instructive. Les 10 pages consacrées au Rwanda sont remarquables et constituent un résumé éclairant d’une responsabilité occultée. Le parti pris en noir et blanc de David Servenay est pertinent pour retracer ces pages sombres de l’histoire récente.

« La Grande illusion » démontre les manipulations des chiffres des chômages pour contenir leur hausse. On comprend en détail ce que l’on sait parfaitement (en principe).

D’autres dossiers sont bien entendus intéressants mais ne relèvent pas du cadre de ce blog.



LA REVUE DESSINÉE #14
Collectif
228 pages – 15 euros
Éditions La Revue Dessinée – Paris – hiver 2016-2017



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