3 février 2017

CE QU’IL FAUT DE TERRE À L’HOMME


Sympathique adaptation en bande dessinée d’un fameux conte de Léon Tolstoï.

Dans la Russie du Tsar, un paysan subvient aux besoins de sa famille en cultivant son lopin de terre, tout en laissant paître ses bêtes, de temps à autre et en toute discrétion, dans les prés de la Barynia, lui subtilisant parfois fruits et bois, comme tout le monde au village, jusqu’au jour où le frère de celle-ci nomme un régisseur au domaine pour éviter ces pillages. Dès lors, la misère s’installe, la terreur règne et les amendes pleuvent. Impossible de subsister sur l’espace trop réduit de ses parcelles personnelles. Impossible de payer si l’on se fait prendre en train de chaparder et impossible de nourrir sa famille si l’on règle alors sa dette en journée de travail.
Aussi quand la Barynia décide de mettre en vente le domaine, les paysans s’organisent pour faire une offre supérieure à celle du régisseur. Leur tentative de gestion collective échoue face à l’incapacité de concilier les désirs de chacun. Tous se retrouvent avec une part de terrain proportionnelle à son apport en numéraire. Notre paysan qui a pu emprunter à son riche beau-frère devient tyran à son tour et va mettre à l’amende ses voisins trop pauvres.
Après cette longue introduction en forme de réflexion sur la propriété privée, le conte commence réellement. Désormais désireux de posséder toujours plus, notre paysan part à la recherche d’un royaume si vaste qu’il pourra y acquérir des terrains à très bon marché. Après plusieurs semaines de marche, il parvient chez les Bashkirs qui lui proposent d’échanger contre mille roubles tout le terrain qu’il pourra parcourir en une journée. La conclusion que nous tairons est d’une grande sagesse, réponse définitive aux prétentions des hommes.

On regrette que la période collectiviste ne soit pas plus analysée. Elle est abandonnée comme s’il était évident qu’une entente raisonnable était irréaliste. Mais il ne s’agit certes pas là du propos de l’auteur.

Les adaptations en bandes dessinées ont le mérite d’élargir le public de certains textes, surtout lorsqu’ils ont confiés à des illustrateurs de renom. Nous conseillerons cependant la lecture du texte original :



 
CE QU’IL FAUT DE TERRE À L’HOMME
Martin Veyron, d’après Léon Tolstoï
144 pages – 22 euros
Éditions Dargaud– Paris – janvier 2016


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