9 mai 2018

LE SOLEIL EN FACE - Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives

« Crise énergétique » et « crise environnementale » seront résolues au moyen du « développement durable », à en croire les politiciens, les industriels et la bonne conscience citoyenne. Le véritable Graal de cette quête d’une énergie inépuisable et à vil prix reste l’énergie solaire mais loin de l’utopie d’une énergie « propre », cette industrie sera « une avancée stratégique de l’électrification du monde », « un apport décisif à la réquisition de nos vies par l’économie ». « Après les sacrifices à l’idole nucléaire voici ceux du nouveau culte solaire. »

Fort symboliquement, quelques semaines après l’entrée en fusion des trois réacteurs de Fukushima, le prototype Solar Impulse accomplit un vol d’essai au salon du Bourget. « Dans la masse de calamités accumulées par 150 années de développement industriel sans merci, les élites politiques mondiales ont choisi de s’émouvoir du changement climatique. » En 2007, le Quatrième Rapport du GIEC reconnait les « gaz à effet de serre d’origine anthropique ». « Le changement climatique, grande menace par anticipation de ce début de millénaire, offre un point de fixation parfaitement compatible avec la poursuite de la fuite en avant. » Il fournit une excellent raison de désinvestir les énergies fossiles de toute façon condamnées par l’épuisement annoncé des stocks et fixer leur remplacement comme objectif mondial. Pour répondre à la demande croissante d’énergie avec le développement de l’électronique grand public, l’humanité entre sans retour dans l’ère du développement durable.
Ray Kurzweil, « entrepreneur et gourou transhumaniste », « apologiste enragé du techno-totalitarisme », voit dans l’énergie solaire le salut à court terme de l’humanité productiviste.
Lorsqu’en 1711, la pression de la vapeur d’eau mit  en mouvement les pistons façonnés par Thomas Newcomen, dans le Devon, permit de pomper l’eau d’infiltration qui inondait les mines d’étain du sud-ouest de l’Angleterre. On put dès lors descendre plus profond, extraire davantage de minerais, afin de construire plus de machines pour pomper plus efficacement et descendre encore lus profondément. Cet épisode fondateur condense le principe que Jacques Ellul a nommé le système technicien.
L’énergie solaire est à l’origine de toute vie sur terre et de la quasi-totalité des « sources » d’énergie exploitées par les sociétés humaines, puisque les hydrocarbures, par exemple, sont issus de la maturation des végétaux nés du flux de photons.
Frédéric Gaillard fait le point sur les autres « énergies alternatives » et leurs « inconvénients » : biocarburants de première, deuxième et troisième génération (usines à plancton), hydraulique, géothermique,…
Tout a déjà été dit et écrit sur l’industrie nucléaire, sa nocivité et ses mensonges. « L’argument de l’atome comme « moindre mal » a fait son temps. » Le développement de l’éolien comme celui du panneau solaire, s’est imposé dans l’imaginaire français du développement durable, caution idéologique qui préside à son développement. Son exposé sur la technologie photovoltaïque est brillant, complet et parfaitement accessible. Il pointe l’extension des zones grises, avec ces « fermes photovoltaïques » qui colonisent les marges des agglomérations, et les mesures incitatives qui multiplient l’intégration au bâti des plaques de silicium. Même la technologie balbutiante des cellules photovoltaïques organiques n’a pas de secret pour lui. En attendant, le film photovoltaïque flexible est déjà présenté comme une « rupture technologique » puisque qu’il va permettre aux écrans de se recharger tout seul. Portables bios (?!) et panneaux publicitaires, voilà « ce monde meilleur que nous promet l’essor des technologies vertes ».
L’acétate de vinyle, entre autres substances utilisées pour la fabrication des panneaux solaires, est une substance génotoxique et reprotoxique, mais qu’on se rassure, une fois de plus, ce sont les pollueurs qui fixent eux-mêmes les niveaux de nuisance tolérables.
Les terrains saccagés par l’extraction des matières premières, les mégawatts engloutis pour la purification et la cristallisation du silicium à très haute température, les millions de mètres cubes d’eau pompés et dépollués à grand frais, sont rarement évoqués au sujet de cette technologie si respectueuse de l’environnement. Le coltan, par exemple, utilisé dans les condensateurs des téléphones portables, fut l’enjeu d’une guerre pour le contrôle des plus grands gisements situés en République Démocratique du Congo, responsable de plus de 3,5 millions de morts dans sept peux depuis 1998. Sans parler des gorilles.
La « croissance verte » n’est qu’un mythe. Il ne s’agit que de perpétuer l’emprise technicienne, au-delà du pétrole et de l’atome, sous les atours du Nouvel Ordre Vert. Le but ultime étant la photosynthèse artificielle, récupérer et stocker l’énergie solaire sous forme d’hydrogène, réutilisé au sein d’une pile à combustible pour obtenir, par réaction inverse, de l‘eau et de l’électricité.

Le Grenelle de l’environnement, en 2007, exclut toute discussion sur le nucléaire et adopte « un fatras de résolutions inoffensives, une politique de développement des énergies propres », dont des tarifs très attractifs de rachat par EDF du kilowatt-heure photovoltaïque. Les objectifs, pourtant raisonnables, par rapport à l’Allemagne par exemple, sont rapidement atteints, aussi ces mesures incitatives, accusées d’engraisser l’industrie chinoise, sont aussitôt sabordées, ruinant une filière émergente. L’État électricien, sous la pression du corps des Mines, a vu son monopole nucléarisé, centralisé et anti-démocratique, menacé par une dissémination technologique. Il n’entend pas laisser d’alternative se développer sans s’être au préalable assurer les moyens de son contrôle. En 2011, La France fut le seul pays européen à perdre des emplois dans le solaire.

Grenoble est régie depuis un siècle et demi par « une lignée d’ingénieurs et de scientifiques qui déploient toute leur énergie à l’édification du techno-monde ». Le Commissariat à l’énergie atomique, implanté sur le polygone scientifique en 1956, est la matrice d’une « collusion revendiquée entre le pouvoir politique - civil et militaire - la recherche scientifique et les industriels ». Les dirigeants de Minatec Entreprises et de leur filiale Clinatec qui oeuvre en secret à l’interface homme-machine et au perfectionnement des implants cérébraux, sont également aux manettes de la mairie. Les « énergumènes du CEA/PS » contrôlent aussi Liten, le Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux, l’Institut national de l’énergie solaire (INES), Photowatt, la plus grande entreprise française dans le secteur et la seule à maitriser tout le cycle, qui sera sauvée de la faillite par EDF, « enterrant les dernières illusions d’énergie autonome et décentralisée ».


L’esprit critique acéré et caustique de Frédéric Gaillard n’épargne rien ni personne. Fort d’une fine connaissance des dossiers, des acteurs et des enjeux, il s’applique à soigner ses portraits, au dépend de l’analyse, beaucoup plus superficielle. Se contenter d’accuser le développement technologique de « fuite en avant » ne suffit pas tout à fait pour en comprendre la logique, et pourrait même desservir son propos, susciter un rejet en bloc de ses raisonnements et les dévoyer au point de permettre l’éloge de ce Progrès à tous prix qu’il dénonce.
Il s’abstient également de proposer une alternative aux « alternatives », par refus de la « tyrannie du projet ». Sa remarque indirecte au sujet de la « perspective co-gestionnaire des antinucléaires autorisés – Greenpeace et le Réseau « Sortir du nucléaire » – qui prétendent aujourd’hui sortir du nucléaire sans sortir de la société qui le produit » laisse, de la même façon, entendre un rejet du capitalisme que nous aurions aimer voir développé.
Sa connaissance exhaustive du sujet intéressera certainement beaucoup de lecteurs, il n’est pourtant pas certain que son simple « rejet des emballements pathologiques et mortifères », au nom de son désir d’«  exister et jouir du cours de cette existence, si quotidienne et mélancolique soit-elle », les contente.




LE SOLEIL EN FACE
Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et des prétendues énergies alternatives
Frédéric Gaillard
162 pages – 11 euros
Éditions L’Échappée –  Collection «Négatif » – Paris – Mai 2012
http://www.lechappee.org/



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