19 septembre 2016

SI C’EST UN HOMME


Primo Lévi retrace pas à pas et avec une extrême précision son séjour à Monowitz-Auschwitz, depuis son arrestation, son voyage, son arrivée en wagons plombés après 15 jours de voyages, jusqu’à sa libération.
Il décrit le brutal processus de déshumanisation, comment rapidement il devient le numéro 174 517, comment Hundert Vierundsiebzig Fünf Hundert Siebzehn devient sa nouvelle identité. Il raconte son quotidien, abruti par la faim, le froid, la souffrance, la peur et la fatigue organisés et surtout, analyse la structure en place, le système de privations et d’humiliations.  Comme les autres, il est déjà mort car condamné. La nudité et l’uniforme ont supprimé toutes distinctions de classe même si une loi féroce, seule, semble demeurer : « Il sera donné à celui qui possède. Il sera pris à celui qui n’a rien. » La seule organisation est celle des trafics pour la survie individuelle à court terme, au-delà du bien et du mal. Solidarité et morale ont disparu. Le moindre « privilège », le moindre pouvoir, bien au contraire, décuple une haine irrationnelle contre les opprimés, ne pouvant être assouvie contre les oppresseurs. Les moyens imaginés pour survivre impliquaient une lutte exténuante de chacun contre tous et un renoncement à son propre monde moral, à la frontière de la folie.
Dans ce monde où l’humanité est morte, seul un homme, Lorenzo, avec ses gestes d’une intégrité désintéressée, va lui rappeler que lui aussi en était un.
Il termine par les 10 jours passés avec les autres malades abandonnés à l’infirmerie suite à l’évacuation du camp et pendant lesquels, devant désormais s’organiser, ils apprennent à redevenir des hommes.

Plus qu’un récit au quotidien, ce texte est une analyse sociologique d’un camp de concentration et d’extermination.
Plus qu’une tentative d’émouvoir, il s’agit d’une volonté de rendre compte, de donner à comprendre l’ensemble des mécanismes de survie et d’aliénation et d’appeler au devoir de mémoire.



SI C’EST UN HOMME
Primo Lévi
Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger
214 pages – 6,30 euros.
Éditions Pocket – Paris – janvier 1988
Première parution 1947

1 commentaire:

  1. Exactement toutes proportions gardées ce que fait le système capitaliste : donner des miettes à certains qui se battent entre eux pour avoir de plus grosses miettes. En fait, il s'agit d'exploiter le fond ancien, reptilien, de l'homo érectus, exploiter l'animalité avec un vernis technologique. ça marche très bien et la majorité en redemande.

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